L' Assemblée nationale examine actuellement la loi logement. Des députés bretons proposent un aménagement de la loi Littoral. L'idée est de donner plus de pouvoirs aux maires et de densifier l'urbanisation dans les fameuses "dents creuses" très répandues sur nos côtes.
En 1986, la loi Littoral était votée à l'unanimité par les parlementaires français. Une exception en Europe et un projet avant gardiste à l'époque. Elle inscrivait dans le marbre un grand principe: la protection de l'environnement prime sur la construction. Concrètement depuis 32 ans, dans 1212 communes, il est interdit de sortir des lotissements en rase campagne ou de construire dans la bande des 100m à proximité d'un rivage.
La fin des "dents creuses" ?
Mais la crise du logement et le développement démographique des communes littorales sont passés par là. Des enjeux que souhaite prendre en compte la loi logement dite " loi Elan" actuellement examinée par l'Assemblée nationale. L'objectif désormais est de "construire plus, mieux et moins cher". Ce qui aurait une incidence directe sur la loi Littoral.
Le député du Morbihan Hervé Pellois, soutenu par la plupart des députés bretons, défend un amendement qui vise à densifier l'habitat dans les hameaux très répandus dans notre région en comblant notamment les "fameuses dents creuses ". Beaucoup d'élus souhaiteraient aujourd'hui optimiser ces terrains classés inconstructibles, souvent situés entre deux maisons ou mis de côté par des agriculteurs. " L'idée n'est pas de créer de nouveaux hameaux. Tout reste encadré." souligne Annaïg Le Meur , députée LREM de Quimper.
Le risque de maires " bétonneurs"
L'amendement a pour objectif d'étendre la portée des SCOT (schéma de cohérence territoriale) et donc de renforcer les marges de manoeuvre des maires. En clair, ce sont les communes elles-mêmes qui pourront définir les zones de densification urbaine.
De leur côté, les associations de protection du littoral y voient déjà la porte ouverte aux abus et au bétonnage des côtes. D'autres craignent la multiplication des maisons secondaires et donc une ghettoïsation du littoral réservé aux plus aisés.
Il y a quelques mois une pétition "Ne touchez pas à la loi littoral" avait recueilli 287 000 signatures dont celle de Nicolas Hulot, actuel ministre de l'Environnement. Elle avait conduit au retrait d'un texte similaire élaboré par des sénateurs.
NE TOUCHEZ PAS A LA LOI LITTORAL ! #Loilittoral - Signez la pétition ! https://t.co/Ad8OmxNG83 via @ChangeFrance
— Jean-Pierre Bigorgne (@JPBigorgne) May 26, 2018